champignon hallucinogene

Champignon hallucinogène

Il existe 3 différents types de drogues : les excitants, les dépresseurs et les perturbateurs dits hallucinogènes. Parmi cette dernière classe, on peut compter plusieurs substances connues comme le LSD, la DMT, le cannabis ou encore les champignons hallucinogènes. Il en existe une multitude, avec différentes molécules actives mais elles regroupent tous des effets similaires.

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Qu’est-ce qu’un champignon hallucinogène ? 

Un champignon dit hallucinogène est un champignon qui plonge son consommateur dans un état psychédélique. Autrement dit, un état psychique qui induit des hallucinations psycho-sensorielles, une distorsion du temps et de l’espace ainsi que des faits et donc de la réalité. 

Les différents types de champignons magiques 

Il serait impossible de décrire visuellement un champignon hallucinogène puisqu’il en existe au moins 216, répartis en 4 groupes : les espèces à psilocybine, l’ergot du seigle, les espèces à acide iboténique et les champignons utilisés dans les rites sacrés. 

Les champignons à psilocybine

Les champignons, psychédéliques ou non, sont répertoriés dans un système complexe : division, sous-division, classe, sous-classe… Mais plus simplement, on peut distinguer plusieurs genres. Parmi ces genres, il existe des espèces, et dans ces espèces, des variétés. Les champignons à psilocybine peuvent faire partie de différents genres. 

Ces champignons ont cependant quelque chose en commun : lorsqu’on les touche ou les dégrade, ils bleuissent. Cet effet surprenant est dû à l’oxydation de la psilocine, la cousine de la psilocybine, les deux substances actives des champignons.  

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Les Psilocybes 

Le premier genre, et celui le plus connu, contenant de la psilocybine est le genre Psilocybe. A l’intérieur de ce genre existe plusieurs espèces : Cubensis, Cyanescens, Azurescens… Certains se ressemblent plus ou moins visuellement comme le Mexicain et le Semilanceata.

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Psilocybe Mexicana

Le Cubensis est l’espèce la plus cultivée, notamment en intérieur. Il pousse vite et sa mise en place est facile. A l’intérieur de cette espèce, il existe plusieurs variétés : B+, McKenaii, Ape, Golden Teacher… 

Néanmoins, entre les espèces, leur puissance peut varier. Ainsi, un Azurescens sera en moyenne plus fort qu’un Cubensis . Plus rarement, entre variétés, ça peut aussi être le cas. Par exemple, les Ape sont connus pour être plus puissants que beaucoup d’autres Cubensis

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Ape (Penis Envy)

Les Psilocybes sont depuis bien longtemps consommés, au Mexique notamment, où ils sont nombreux à pousser. Plusieurs peuples leur ont voué des cultes : des poteries et autres objets religieux ont été retrouvés, datant d’il y a plus de 3000 ans.

Par la suite, au XXème siècle, les premiers botanistes occidentaux commencent leur recherche sur le continent américain. Ils rapportent certaines espèces de Psilocybes, qu’ils étudieront et enverront au célèbre scientifique Albert Hofmann. Ce dernier isolera la psilocybine pour réussir à en faire un médicament. 

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Albert Hofmann

D’autres champignons à psilocybine 

On pense souvent, à tort, que seuls les champignons Psilocybes renferment de la psilocybine. Cependant, plusieurs autres genres en contiennent aussi. C’est le cas des réputés et puissants Panaeolus Cyanescens, appelés Pan Cyan, qui appartiennent donc au genre Panaeolus

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Panaeolus Cyanescens

La psilocybine et la psilocine peuvent également se retrouver dans certains Conocybes, dans le Pluteus Americanus ou encore dans plusieurs Gymnopilus. Il est important de noter que, même si ces espèces contiennent de la psilocybine, les autres champignons du même genre n’en contiennent pas, ce sont des exceptions.  

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Pluteus Americanus

L’ergot  

L’ergot est un champignon parasite, se servant de céréales comme hôte. Il a été connu par le passé pour provoquer des épisodes de délire dans la population, notamment lorsque le pain était infecté. A l’époque, le seigle, céréale affectionnée par l’ergot, était préférée pour ses facilités de conservation et de production. Il provoquait “la peste de feu” chez ceux qui avaient le malheur de l’ingérer. 

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Représentation médiévale de l’ergotisme

Ce champignon cause l’ergotisme, et même si le LSD est issu de ce dernier, les effets sont bien moins plaisants : spasmes incontrôlés, délires, gangrènes, diarrhées, maux de tête.. L’ergot semble avoir suivi l’homme depuis l’apparition de l’agriculture à nos jours : en 600 avant J-C, on en décrivait déjà les effets. Par la suite, on rapporte plusieurs épisodes d’intoxication au Moyen-Âge, dont une épidémie en 994, et un possible empoisonnement de la commune française de Pont-Saint-Esprit en 1951.  

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Gangrène entrainée par l’ergotisme

 Toutefois, ce champignon est de nos jours plus connu sous sa forme isolée : le LSD. En 1938, Albert Hofmann (oui, encore lui !) parvient à synthétiser cette nouvelle substance, en cherchant à développer l’ergot à des fins médicales. 

Les espèces à acide iboténique

Une des champignons de ce type est très connue dans l’imaginaire collectif : l’Amanite Tue-Mouches dit Amanita Muscaria. Reconnaissable à son chapeau rouge et ses petits points blancs, elle est souvent perçue comme toxique.

Bien que certains effets qu’elle provoque soient plus marqués qu’avec les autres espèces de champignons magiques, comme les contractions musculaires, elle crée aussi des hallucinations sensorielles. 

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Amanita Muscaria

Certaines espèces, notamment l’Amanite Tue-Mouches et l’Amanite Panthera, contiennent naturellement de l’acide iboténique. Lorsqu’il est consommé, une partie se change en muscimol, créant les effets psychoactifs pendant environ 7h. 

Malgré ce que l’on croit, ce n’est pas vraiment l’ Amanita Muscaria qui est toxique. C’est bien l’Amanite phalloïde, dit oronge verte, qui est responsable des décès connus à ce jour dû à la présence de toxines : la seule moitié d’un chapeau peut entraîner la mort. Néanmoins, il est important de noter que l’acide iboténique, contenu dans les espèces Amanite hallucinogènes, est neurotoxique et peut donc créer des lésions cérébrales.  

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Amanite phalloïde

Les champignons utilisés dans les rites sacrés 

Les champignons sont connus pour leurs effets hallucinogènes mais ils sont également souvent désignés comme enthéogènes : ils modifient l’état de conscience dans un but spirituel. Comme substances enthéogènes connues, il existe aussi l’ayahuasca, le cactus peyotl ou la bufoténine, sécrétée par certains crapauds.  

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Cactus peyotl

Dans cette catégorie, on peut retrouver des champignons connus : le Psilocybe en Nouvelle-Guinée ou au Mexique, l’Amanita Muscaria en Sibérie… Ils sont par ailleurs encore utilisés par certaines populations dans des rituels. Après l’ingestion, des enseignements et des visions sont tirés de ce voyage : les champignons aident à communiquer avec une puissance supérieure et sont utilisés comme outil de langage. 

On pourrait croire que ces pratiques sont détachées du monde scientifique occidental mais pas exactement. En 1955, un ethnomycologue du nom de Robert Gordon Wasson effectue un voyage à Hualta De Jimenez, un village mexicain, où il y rencontre Maria Sabina. Ensemble, ils consomment des champignons psychédéliques lors d’un rituel. Via des intermédiaires, un échantillon est envoyé à Albert Hofmann, qui parvient à isoler la psilocybine sous forme de pilule. Il retournera par la suite en 1962 voir lui-même Maria Sabina pour lui en offrir : elle sera enchantée de ce cadeau qui lui permettra d’assurer des rituels, même hors de la saison de pousse des champignons. 

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Maria Sabina

Quels sont les effets de la consommation de champignons hallucinogènes ?

Les différents types d’effets 

Bien qu’ils aient en commun de créer un état psychédélique, on peut tout de même y apporter des nuances. Par exemple, la psilocybine et l’acide lysergique agissent tous deux sur les mêmes récepteurs mais le LSD contient d’autres substances qui vont créer un voyage environ deux fois plus long que celui avec des Psilocybes.

Les visuels seront différents également : kaléidoscopique, avec des répétitions de motifs à l’allure parfois géométriques, de nombreuses fractales peuvent se dessiner en regardant certains objets. Disons que les visuels seront plus “matheux”. Le LSD et son action dopaminergique donnent un ressenti plus “excitant” et “vif”, donnant parfois l’impression d’un danger au moindre bruit ou à la moindre action suspecte. 

Psychedelic Visuals Replication Compilation par Josie Kins (Youtube)
Psychedelic Visuals Replication Compilation par Josie Kins (Youtube)
Psychedelic Visuals Replication Compilation par Josie Kins (Youtube)
Psychedelic Visuals Replication Compilation par Josie Kins (Youtube)

Avec la psilocybine, les consommateurs rapportent souvent plus un voyage à “vague” : une minute ils peuvent se sentir descendre et revenir à la réalité, puis la minute d’après avoir une multitude d’effets. Les surfaces unies laissent souvent apparaître des motifs mystérieux et mouvants.

Le voyageur peut se sentir plus faible physiquement, mais aussi apaisé. Les émotions sont décuplées et certaines, inconnues ou secrètes, remontent à la surface. Lorsqu’on ferme les yeux, de sublimes et complexes scènes aux multiples couleurs peuvent apparaître : on comprend alors pourquoi certains artistes utilisent les champignons hallucinogènes dans leur processus de création.

Psychedelic Visuals Replication Compilation par Josie Kins (Youtube)
Psychedelic Visuals Replication Compilation par Josie Kins (Youtube)
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Mais ces deux substances ont pour point commun de permettre d’atteindre, à une certaine dose, ce qu’on appelle la mort de l’ego. Cette étape peut prendre différentes formes selon les personnes mais elle consiste à l’effacement de notre personne, de notre conscience, de ce qui nous constitue en tant qu’individu. Elle peut se manifester sous forme visuelle -l’espace puis rien-,  sous forme d’impressions -l’impression d’être connecté avec un tout- ou encore par des effets cognitifs -l’effacement de toute notre mémoire à long terme. 

Ego Death par Luke Gray
Ego Death par Luke Gray

Quand aux champignons contenant de l’acide iboténique, comme l’Amanite Tue-Mouches, ils entraînent plus souvent des phases de délire, jusqu’à perdre totalement pied avec la réalité, et plus largement des effets dit atropiniques, regroupant des confusions, des hallucinations, de l’agitation et des changements brusques de l’humeur. C’est pour cela qu’ils seront plus décrits comme délirogènes, qui est en fait une sous-catégorie des hallucinogènes.  

La tolérance et la dépendance 

Bien que les champignons hallucinogènes soient reconnus comme des stupéfiants et interdits dans la majorité des pays, ils n’entraînent pas de dépendance physique ni de symptôme de sevrage. A l’inverse, ils ont déjà fait leur preuve lors d’études scientifiques comme traitement contre certaines addictions. 

La tolérance après la consommation de champignons hallucinogènes à la psilocybine se crée très rapidement, dans les heures après l’ingestion. On conseille en général d’attendre 2 semaines afin que cette tolérance revienne à 0.

Néanmoins, même en attendant assez, si vous consommez toutes les 2 ou 3 semaines, vous pourriez voir vos effets être amoindris : moins de visuels, moins d’effets cognitifs, moins de surprise. Cela est d’autant plus vrai si vous prenez les champignons en micro-dosing.   

Les risques et effets secondaires  

Les champignons hallucinogènes ont de nombreux bienfaits mais ils comportent aussi des risques. Dans un premier temps, lors du voyage, des effets secondaires physiques peuvent apparaître : des sensations de chaud et froid, des contractions musculaires, nausées et vomissements sont au rendez-vous. 

Mais les risques sont surtout psychologiques : le changement d’état qu’induisent les champignons hallucinogènes peut créer de l’anxiété. Si cet état persiste et s’intensifie, on parle alors de bad trip : le consommateur ressent une peur extrême et irrationnelle, qui rend son expérience très anxiogène.

Pour éviter ça, il est conseillé de rester dans un environnement adéquat (lieu, personnes à ses côtés…) et d’avoir un ou plusieurs trip-sitter – des personnes, en général sobre, qui pourront aider et assister. Il est important de noter que l’environnement idéal dépend de chacun, mais qu’il est conseillé d’éviter les situations qui pourraient comporter de l’imprévu en général.  

Bien plus rarement, les champignons peuvent continuer à avoir un effet durable sur le consommateur : c’est ce qu’on appelle le syndrome post-hallucinatoire persistant, qui s’accompagne de troubles anxieux plus ou moins envahissants (phobie, crise d’angoisse), de confusions ou de dépression.

Il arrive aussi que les champignons hallucinogènes, comme d’autres psychédéliques, puissent laisser place à des épisodes de déréalisation (se sentir hors de la réalité) ou de dépersonnalisation (se sentir hors de soi). Ces épisodes peuvent apparaître, qu’on soit expérimenté ou non, mais surviennent plus souvent après des prises trop régulières ou une mauvaise expérience. 

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Exemple de ressenti de la déréalisation


Le fonctionnement des champignons hallucinogènes sur notre cerveau  

Comme vu précédemment, les champignons peuvent provoquer une multitude d’effets différents sur notre cerveau. Cela est dû à leur mode d’action. Une fois ingérée, la psilocybine est transformée en psilocine, substance déjà présente en très faible quantité dans les champignons.

Elle vient agir, comme le LSD, sur les récepteurs sérotoninergiques 5-HT : la sérotonine régule notre sommeil, notre alimentation, notre anxiété, nos différents sens, notre contrôle moteur… Il n’est donc pas étonnant que les psychédéliques agissent sur autant d’aspects de nos expériences.    

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Le muscimole, présent dans les espèces du genre l’Amanite, quant à lui agit sur les récepteurs GABA, comme l’alcool ou les benzodiazépines. Ce serait cette interaction qui créerait les effets psychédéliques.

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Les interactions 

De par leur action sur notre cerveau, des interactions spécifiques avec d’autres substances sont à connaître. Avec la plupart des autres psychédéliques, dont le cannabis, les effets des champignons hallucinogènes seront multipliés. Même si certains dépresseurs peuvent augmenter les effets, comme la kétamine, la plupart provoquent une diminution, à l’instar de l’alcool ou des benzodiazépines. C’est pour cela, entre autres, que l’on donne parfois ces derniers à des personnes faisant des bad trip. 

Concernant les antidépresseurs, il est en général conseillé de se sevrer, et d’attendre plusieurs semaines avant de consommer les champignons, afin d’avoir son état d’esprit plus apaisé. Néanmoins, si une personne décide de consommer sous anti-dépresseurs, il est important de connaître sa catégorie : un peu augmenter les effets (MAOI/IMAO) et l’autre peut les réduire (SSRI/ISRS)

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Tableau d’interactions entre différentes drogues

La popularité des champignons hallucinogènes 

En France, le trafic de champignons est marginal, tout comme sa consommation : en 2010, 3,1% des personnes entre 15 et 64 ans déclaraient avoir déjà consommé des champignons magiques. Ils restent le psychédélique le plus populaire en France, devant le LSD.

Pourtant, avec l’arrivée d’internet et du partage de connaissance, la culture de champignons est en plein essor : de nombreux sites vendent des kits de culture prêt à l’emploi, des seringues de spores et des accessoires pour faire soi-même ses champignons magiques.  Ils proposent aussi des sclérotes, aussi appelées « truffes magiques », qui contiennent elles aussi de la psilocine et de la psilocybine.

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Truffe magique

La législation

Cependant, les kits et les truffes sont illégaux sur le sol français et la culture de champignons l’est aussi (bien que les spores soient autorisés). Dans les faits, les colis sont très rarement interceptés : le consommation étant marginale, les forces de l’ordre préfèrent se concentrer sur le cannabis, la cocaïne ou les amphétamines. Les champignons hallucinogènes sont tout de même classés comme stupéfiants : la possession, l’usage, le transport mais aussi la cueillette dans son milieu naturel sont interdits. Braver la loi peut coûter cher : au maximum 10 ans d’emprisonnement et 7 500 000 euros d’amende. Dans les faits, cette peine est très rarement appliquée. 

Il n’en reste pas moins que la France est un des pays les plus législativement sévères. D’autres, comme le Brésil ou le Portugal, ont légalisé les champignons, et de plus en plus les décriminalisent comme l’Inde, le Mexique, l’Espagne, l’Italie et certaines parties des États-Unis. Alors que la tendance mondiale est à la souplesse et à l’acceptation thérapeutique des champignons hallucinogènes, la France ne semble pas prête à changer son point de vue. 

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“La théorie du singe enivré” ou comment les champignons auraient accompagnés l’évolution humaine  

Terence McKenna est un écrivain reconnu pour ces récits psychédéliques : il raconte les méandres de l’esprit perçu à travers les hallucinogènes. Il a émis une hypothèse dans les années 90 : notre évolution et notre développement de la conscience serait en partie dû à la consommation de champignons hallucinogènes, et spécifiquement d’espèces à psilocybine.

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Terence McKenna

Il explique alors dans Food Of Gods, sorti en 1992, que les champignons seraient à l’origine de notre conscience, de notre soudain développement intellectuel ainsi que de l’augmentation de la masse de notre cerveau. Leur consommation régulière aurait permis de développer le langage, donc plus de vocabulaire, et par conséquent une meilleure mémoire. Ces aspects auraient continué à se transmettre, de génération en génération. Les champignons, par exemple, auraient aidé à la chasse à travers l’extension de la vision périphérique. 

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The Stoned Ape Theory par Jim Figora

Bien que cette hypothèse soit poétique, elle peut être contestée sur plusieurs points. En premier lieu, à l’époque on l’ignorait, mais le champignon hallucinogène n’est pas mutagène : ils ne peuvent pas modifier la génétique d’un être vivant. Ainsi leurs qualités physiologiques acquises s’effacent entre les générations. De plus, cette hypothèse a été créée pour expliquer une expansion considérée comme soudaine de notre conscience et de notre évolution. Cependant, la considérer comme trop rapide pour s’être fait sans une aide extérieure relève d’un jugement personnel. Plusieurs formes de vies autres que les humains possèdent aussi des formes de langage, sans avoir consommer de champignons. Pour finir, des hypothèses plus plausibles semblent mieux expliquer l’évolution de l’être humain comme le développement et maniement d’outils ou la maîtrise du feu. 

Les champignons hallucinogènes, comme de nombreuses substances, ont de tout temps suivi les populations humaines. Il y a 9 000 ans déjà, elles étaient fascinées par ces derniers et les représentaient sous formes de peintures rupestres : ils leur ont permis de se sentir connectés à quelque chose de plus grand, qui les dépassaient. De nos jours, les champignons restent illégaux dans la majorité des pays et tabous dans nos sociétés occidentales. Cependant, de plus en plus de personnes autour du globe prennent conscience de leur pouvoir thérapeutique et enthéogène : un regain d’intérêt pour leur pousse et leur consommation est observé. Les champignons hallucinogènes n’ont pas fini d’accompagner l’Humain dans son apprentissage vers la connaissance profonde de lui-même et de ce qui l’entoure. Ils ont la particularité de plonger le voyageur dans un état unique, comme le décrit Ernst Jünger, écrivain allemand, dans Approche, Drogue et Ivresse : “Tout était membrane et percevait des attouchements, même ma rétine – sur laquelle le contact se changeait en lumière. Lumière multicolore ; elle s’ordonnait en cordons qui oscillaient doucement, colliers en perles de verre des entrées orientales. Elles s’assemblent en portières comme on en traverse en songe, rideaux de volupté et de danger”

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Redwoods par CountRoloff
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